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Le blog de Susanna Huygens

Il Viaggio d'Amore : si tendrement fantasmagorique

6 Décembre 2016 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Pour leur nouveau CD, l’ensemble Hirundo Maris (L’hirondelle des mers) si bien nommé, nous invite à un voyage d’une beauté et d’une sensibilité à fleur de peau et d’esprit, véritable joyau, qui nous transporte aux confins de la conscience. Il viaggio d’Amore est un programme merveilleusement composé de pièces musicales et ou vocales, provenant du monde entier, dont la poésie évoque la complexité des sentiments amoureux.

L’infinie délicatesse de l’interprétation, les couleurs tant instrumentales que vocales, sont un pur plaisir, un enchantement de tous les instants.

Lorsque j’ai commencé à écrire ma chronique, ainsi sont venus les premiers mots, tout naturellement. Et puis, les doigts ont cessé la quête des mots, pour suivre les musiciens dans un univers où l’on se blottit, au cœur du mot Amore, touché par une flèche invisible. Dès lors, sans jamais se lasser, nous n’avons cessé d’écouter et réécouter, emportés par un infini bonheur, doublé d’un étrange sentiment, si captivant, qu’il en est venu à effacer toute réalité.

Arianna Savall et son compagnon Petter Udland Johansen se sont entourés de musiciens, venus de tous les horizons, et d’une équipe de techniciens du label Carpe Diem, qui porte si bien son nom, pour nous ouvrir les portes enchantées du songe. Et si parfois l’amour peut y blesser, il nous permet aussi de transgresser peurs et souffrances, par sa sensualité ensorcelante. La diversité des poèmes, -et des langues dans lesquelles ils furent écrits-, et des histoires qu’ils nous content, leur offre un charme unique. De l’amour qui se vit dans l’allégresse, au drame des amours interdits, l’âme s’y abandonne, s’y donne, s’y libère, semble courir de plus en plus vite pour échapper à la douleur et revenir danser.

Leur mise en musique les a parfois inscrits à jamais au répertoire de la musique savante, tel Si dolce è il tormento de Monteverdi ou le lied Heidenröslein que l’on doit à Goethe et Schubert. D’autres mélodies sont issues de répertoires plus populaires (tel Canarios ou Cancro Cru), elles virevoltent dans nos esprits tandis que Douce Mémoire et plus encore l’Adieu de Guillaume Apollinaire, dont la musique si pure et aimante, a été composée par Arianna Savall. L’essence de verre du sentiment d’amour y semble prête à se briser sur le chagrin, mais portée par les vents et la lumière qui en émane, sa poésie indicible, en un murmure finit par apaiser l’inquiétude de la séparation.

Oui, je sais certains s’offusqueront peut être, dès lors que je ne détaille pas chaque pièce, mais je choisis de vous laisser découvrir ce si fantasmagorique, si surnaturel CD. Le plus abouti de l’ensemble Hirundo Marris. La prise de son y est si ronde, si suave, que rarement elle aura été autant au service des musiciens.

Il faut vous laisser envoûter par Si Dolce é il tormento, chanté à deux voix par Arianna et Petter, dont les timbres s’unissent en un feu ardent ou par cet Adieu si poignant d’Arianna, à celle dont la présence émane de la musique, et qui nous manque tant. L’interprétation à la mélancolie grisante de Gracias a la Vida donne un goût d’éternité à ces instants passés en compagnie des musiciens. Lorsque les deux voix d’Arianna et de Petter fusionnent avec une sensibilité vibrante, l’une en espagnol, l’autre en suédois, chantant l’amour et cette amertume des rêves perdus, lorsque les doigts d’Arianna se posent sur la harpe pour interpréter les dernières notes, la musique donne le sentiment de retenir la vie qui court et s’échappe, nous échappe.

L’ensemble des musiciens participent à la plénitude de cet enregistrement. Ils apportent de somptueuses couleurs à ce voyage. Tout ici est nuances et rêves grâce à leur talent. S’il en est un que l’on a envie de citer ici, car bien souvent ce pupitre est trop souvent oublié dans les chroniques, c’est David Mayoral. Peut-on donner plus de cœur à des percussions, « un cœur qui ne cesse de battre, qui bat, qui bat, qui bat » … en un amour éternel.

En véritables troubadours, Arianna Savall, Petter Udland Johansen et leur ensemble Hirundo Marris, nous offrent ici, bien plus qu’un simple joyau, des instants uniques qui nous accompagneront longtemps.

Par Monique Parmentier

1 cd Carpe Diem records. Durée 69’34. Livret Français/Anglais/Allemand. Enregistrement réalisé en direct à Heilig-Kreuz-Kierche-Basel-Binningen (Suisse) du 18 au 22 mars 2015

Hirundo Maris : Arianna Savall, soprano et harpe triple baroque ; Petter Udland Johansen, ténor, hardingfele, cittern; Michel Nagy, guitare ; Sveinung Lillecheier, guitare, dobro ; Miquel Angel Cordero, colascione, double base ; David Mayoral, percussions

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