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Le blog de Susanna Huygens

Poésie des passants

15 Octobre 2020 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

@ Journal of Art in society on Twitter

Cela fait quelque temps que je ne suis pas revenue ici... Le temps passe vite et face à ce monde où l'on cultive le narcissisme comme un art, j'ai préféré vivre mes petits instants de poésie dans le silence.

Puis il y a quelques jours, je suis tombée sur une série de photos prisent dans une ville américaine, Saratoga, en 1915... l'une d'entre elle a fait l'objet d'une colorisation, qui soudain redonne son mouvement aux passants, leur grâce, leur élégance... J'ai eu le sentiment de les observer depuis ma fenêtre. 

La vie s'est comme suspendue pour adopter un autre rythme. Alors m'est revenu en mémoire ce poème de Louis Aragon :

@ Journal on art of Society on Twitter

.... Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux"...

@ Monique Parmentier

Depuis la fenêtre du bureau où je travaille, j'aperçois les touches de lumière ondulées au vent d'automne. Le monde dehors s'est quasiment arrêté, figé par les voyageurs inconscients qui n'ont pas su s'arrêter alors qu'il en était encore temps. Ils ont rendu vivant l'un des pires cauchemars des romans d'anticipation mais alors que l'on aurait pu espérer qu'à la sortie du confinement, ils accepteraient de vivre avec raison et en acceptant que pour un temps il faudrait faire avec des frustrations, ils n'ont eu qu'une obsession, picoler sans soif, faire la fête sans joie, juste pour avoir l'illusion de rattraper le temps, alors que toujours ils n'étaient que les suiveurs d'un temps qui les rattrapaient. Ils ont même donné à certains la possibilité de rogner les droits les plus fondamentaux au nom de notre protection que nous sommes incapables d'assumer. J'ai tout entendu, même qu'au fond, la mort étant normale, il fallait laisser mourir les faibles et les anciens pour permettre à d'autres de poursuivre leurs "fêtes" au "bonheur" forcé.

Je ne me reconnais pas dans ce monde... alors je poursuis ma quête de la poésie et veut espérer que ce temps forcé au retour au cœur de l'hiver, vers le foyer, au temps qui prend son temps, à la lecture, à la rêverie... chacun le prendra. Et qu'au sortir de la longue nuit, nous aurons enfin accepté cette idée qu'il nous faut construire un monde moins affamé de ce superficiel loisir. Et comme ce couple, nous redonnerons au temps qui nous est donné, son éternité.

Par Monique Parmentier
 

 

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