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Le blog de Susanna Huygens

Vita Humana Suite

13 Mai 2011 , Rédigé par Susanna Huyghens Publié dans #Dossiers Musique

Si la Vita Humana n'est pas qu'une simple allégorie de la Vie Humaine et de ses vicissitudes... De ce temps qui coule inexorablement... et cache peut être un de "ces secrets", comme le XVIIe siècle les aimait (un peu comme ses meubles "à secret"), c'est parce qu'un homme poursuivait une idée, une passion que ses charges, sa propre vie ne pouvait en un siècle de Contre - Réforme, lui permettre d'afficher. Cet homme est le Cardinal Giulio Rospigliosi.

 

Rospigliosi.jpg

 

Carlo Maratta @ DR

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La Vita Humana

3 Mai 2011 , Rédigé par Susanna Huyghens Publié dans #Dossiers Musique

"«Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses, et qui, foulant aux pieds toute crainte, méprise l'inexorable destin et les menaces du cupide Achéron !» Virgile

 

Celle que je recherche est née dans la ville éternelle. Elle due y croiser Nicolas Poussin (1594-1665) qui vécut une grande partie de sa vie à Rome. Et certains personnages liés à ce tableau.

 

Parmi les tableaux de ce peintre que j'aime tout particulièrement on trouve la Vita Humana. Ce tableau est conservé à la Wallace Collection à Londres, ainsi que son ébauche qui nous en apprend beaucoup sur la manière de peindre de Nicolas Poussin... Commandé par le même Cardinal Giulio Rospigliosi qui devait écrire une quinzaine d'années plus tard un opéra sacré sous se même titre.

   

Vita humana Nicolas poussin

 

Ce tableau dont le titre est plus précisément "Il ballo della vita humana"  fut peint en 1638 tandis que Marco Marazzoli mis en musique le livret de l'opéra au tout début de la seconde partie du XVIIe siècle. Cet opéra fut représenté au Palais Barberini en 1656.

 

Le commanditaire du tableau suggéra à Poussin le thème de la danse. Ce dernier est d'abord une allégorie qui exprime une conception circulaire du temps cosmique. Les 4 personnages qui forment le cercle sont des allégories représentant les conditions de l'homme, la Pauvreté, puis la Vie Laborieuse qui engendre la Richesse qui entraînée par les tourbillons de la Luxure retrouve la Pauvreté.

L'enfant qui tient une clepsydre, en bas à droite, représente l'écoulement inexorable du temps et le cours inéluctable du destin humain. Le vieillard à demi nu et ailé représente le Temps qui marque le rythme circulaire de l'existence au son de Lyre.

Dans le ciel le Char d'Apollon est précédé de l'Aurore et accompagné des Heures.

Le therme sur la gauche représente Janus, le dieu aux deux visages, un vieillard tourné vers le passé et un jeune homme tourné vers l'avenir. Enfin l'enfant à ses pieds fait des bulles de savon avec une paille illustrant la fragilité et l'aspect passager de la vie terrestre.

 

Une quinzaine d''année plus tard donc le Cardinal Rospigliosi (qui devint pape le 20 juin 1667 sous le nom de Clément IX) écrivit le livret d'un opéra sacré sous ce même titre ou presque La Vita humana overo il Trionfo della pieta, dédicacé à la Reine Christine de Suède.

Œuvre allégorique la parodie spirituelle qu'il fit mettre en musique par Marco Marazzoli détourne les codes du théâtre interdit dans la ville éternelle à des fins de prosélytisme. 

 

Si la production du Poème Harmonique n'a malheureusement pas pu faire l'objet d'un DVD, cette œuvre mérite vraiment toute l'attention que cet ensemble lui a portée.

Vita-Humana-Dumestre1.jpg

Copyright @ DR 

 

Autour de la Vita Humana, l'innocence (L'innocenza) et la Faute (la Copa), cherchent à séduire cette vie humaine en proie aux doutes. Cette dernière hésite  sur la voie à suivre et  ne demande qu'à succomber aux plaisirs mais est consciente de leur côté éphémère et vain. Les Vices et les Vertus livrent entre elles un combat, parodie des scènes de combat que l'on trouvait dans les opéras vénitiens, tout comme les scènes de séduction. Le Plaisir et l'Entendement tentent par tous les moyens de venir soutenir la Faute et l'Innocence dans leur dispute pour convertir ou pervertir la Vita Humana.

Les personnages sensés personnifier le mal ne sont nullement manichéens. Ils nous séduisent spectateurs du XXIe siècle par la douleur qui les poussent à agir. Cette douleur n'est-elle pas celle qui nous gouverne ?

Cet opéra sacré possède plusieurs niveaux de lecture. Vincent Dumestre dans le programme remis lors de la représentation parisienne du 7 décembre 2006 l'expliquait très bien "L'œuvre éclaire un jour intéressant sur l'Italie du XVIIe siècle à travers la Contre-Réforme, la nécessité pour l'Eglise de remplir les lieux de culte. La Vita Humana est une oeuvre charnière, entre opéra et oeuvre sacrée. Ce double sens lui donne une force particulière avec ces personnages qui sont des archétypes d'opéra vénitien mais aussi des figures fortes s'adressant à tous".

 

La musique de cet opéra est vraiment magnifique et surprenante. C'est une fois de plus Vincent Dumestre qui en parle le mieux : "On retrouve dans ces récitatifs une couleur présente chez Monteverdi, une liberté et une force incantatoire mettant le texte très en relief. D'un autre côté, nous avons été stupéfaits par la modernité de l'écriture qui annonce parfois le XVIIIe siècle : Marazzoli était harpiste et écrivait sans doute en pensant de manière contrapuntique plutôt qu'harmonique. Selon notre culture habituelle de cette époque, l'écriture des arias est très étrange : un contrepoint à deux voix donnant des harmonies rares pour 1656".

 

Marco Marazzoli est né vers 1602 (peut-être 1605) et mort le 26 janvier 1662. Il n'était pas seulement prêtre mais  compositeur, harpiste et chanteur. Né à Parme il fût ordonné en 1625. Il s'instalalla à Rome en 1626 et entra aux services du Cardinal Antonio Barberini (1607-1671)

 

Antonio_Barberini.jpg

 

En 1637, Marazzoli entre dans la chapelle papale en tant que ténor. Il suivra Antonio Barberini dans ses voyages à Ferrare et Venise entre 1630 et 1640. Ce n'est que trois ans après le retour de cette famille d'un exil en France en 1656, que Marazzoli quittera le service des Barberini.

 

Cette famille Barberini pour laquelle il a si longuement travaillé était d'origine florentine et  fut politiquement très proche de Mazarin. C'est d'ailleurs auprès de lui qu'ils trouveront refuge lorsqu'à la suite d'une querelle avec l'autre grande famille romaine qui régnait sur la Rome papale, les Pamphili, ils durent quitter la ville Eternelle.  Antonio fut  fait cardinal en 1627, légat du pape en Avignon en 1633, camerlingue en 1638, enfin commandeur en chef des troupes pontificales. Nommé Grand Aumônier de France, il sera Pair de France.

La création de l'Opéra à Rome doit beaucoup à la famille Barberini. C'est dans leur palais Romain construit dans la première moitié du XVIIe siècle que fut créé à Rome le premier opéra, le 21 février 1632. Il s'agissait du Sant' Alessio de Landi. Ces grands amateurs d'art, furent les protecteurs de nombreux musiciens Girolamo Kapsberger, Luigi Rossi, les frères Mazzochi et Marazzoli.

 

Palais-Barberini.jpg

Copyright @ DR

 

Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini « ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait. 

Durant sa carrière Marazzoli composa non seulement des ouvrages sacrés, cantates et oratorios, mais également des opéras profanes dont une Armida en 1642 et le prologue d'un ballet. Vincent Dumestre a enregistré une de ses œuvres profanes qui montre une autre facette de Marazolli : la Fiera di Farfa dans l'album "Combattimenti". Signalons également que Jérôme Corréas avec les Paladins travaillent actuellement sur un opéra profane, enfin plutôt une fois encore parodie sacrée de ce compositeur, Egisto dans le cadre de la saison musicale de la Fondation Royaumont et du Festival Baroque de Pontoise.  C'est d'ailleurs de cet Egisto qu'est tiré la Fiera di Farfa enregistré par le Poème Harmonique.   

   

Marazzoli devait mourir des suites d'un accident en 1662 à Rome.

 

Voici l'extrait d'une cantate Ogni Nostro piacer par l'ensemble Tragicomedia :  

   
Notre futur Clément IX, Giulio Rospigliosi,  fut d'abord un collaborateur de Mafféo Barberini... Que sait -on de lui ?  Au-delà des liens les plus évidents, pourquoi ce tableau est-il plus important à mes yeux que les soi-disants si mystérieux Bergers d'Arcadie ? Comme cet article devient trop long, je le poursuivrais prochainement ...   La musique en est le lien.... et une voix perdue la réponse.

Par Monique Parmentier   
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A vos amours

2 Mai 2011 , Rédigé par Susanna Huyghens Publié dans #Divers

La magie du baroque nait en partie du voile du temps qui auréole de mystère des œuvres parvenues jusqu’à nous de manière incomplète, mais souvent si splendide, permettant au charme d’opérer immédiatement.

 

 

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Je vous propose d’en découvrir ici l’une de ses merveilles qui bien que dormant au cœur d’une bibliothèque, n’en est pas moins bien vivante pour les âmes que touche la poésie du XVIIe siècle.

 

 

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Il s’agit du livret d’un ballet qui plus on le découvre, plus suscite d’interrogations. La toute première porte sur la magnifique reliure dont nul ne sait de qui sont les armoiries.

Ce livret a appartenu aux collections royales (Louis XIV aimait les très beaux livres). Mais avant de vous en raconter l’histoire, je souhaite vous en offrir, les étranges graffitis, dont le plus doux et tendre, est cette si courte phrase « voilà vos (nos) amours ».

 

Nul ne sait qui les a dessinés et encore moins qui a écrit cette dédicace, ni à qui elle était destinée.

 

 

 A-vos-amours.jpg

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