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Le blog de Susanna Huygens

Les mystères de la poésie - Rainer Maria Rilke

16 Mars 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ DR

Une amie très chère m’a rappelé ce très beau texte de  Rainer Maria Rilke. Écrire des poèmes, je m’y suis parfois essayée, sans parvenir au sentiment d’avoir trouvé les mots jusqu'à présent, pour les partager :

«  Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas ( c’était une joie faite pour un autre ), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers. »

– Pour écrire un seul vers (1910), Les Cahiers de Malte --Rainer Maria Rilke

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Jardins d'ici et d'ailleurs : une invitation au voyage

8 Mars 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

@Arte

Depuis quelques jours, Arte diffuse une troisième saison d'une série documentaire, Jardins d'ici et d'ailleurs, qui nous invite à une promenade dans des jardins remarquables à travers le monde. Créée par la productrice Sylvie Steinebach, elle est co-produite par Arte et Bo travail. Cette série est à mes yeux une pure merveille, une véritable invitation au voyage, à la rêverie et à l'émotion. Je vous la recommande, tant elle nous offre de véritables instants d'évasion et de plénitude. Descendante de plusieurs générations de jardiniers, je retrouve ici les parfums, les couleurs, les saveurs qui émanent de la féerie que peuvent nous donner ces lieux utopiques et initiatiques par excellence.

Du lundi au vendredi, en fin d'après-midi, l'architecte paysagiste Jean-Philippe Teyssier, nous invite à le suivre dans des univers riches et généreux, où la créativité des jardiniers et des paysagistes nous étonnent et éveillent en nous des émotions à fleur de peau. Chaque jardin, est une source d'inspiration et de rêverie, pour celles et ceux qui permettent à ces jardins d'exprimer la beauté et la luxuriance de la diversité, mais aussi pour chaque visiteur, fusse-t-il virtuel. Si certains de ces jardins sont extrêmement célèbres, d'autres le sont beaucoup moins. Si la première saison nous avait amené de l'Alcazar à Séville au parc de la Tête d'or en France, en passant par le jardin de Quinta da Regaleira à Sintra au Portugal, et la seconde saison du Maroc à l'Italie en passant par l'Iran, cette troisième saison s'annonce tout aussi passionnante et extraordinaire. Les interventions des spécialistes (botanistes, urbanistes,...), mais aussi héritiers de ces jardins, mais égalements auteurs, romanciers et artistes, nous ouvrent des horizons, sur tout ce qui fait du Jardin, un lieu hors du temps et des contingences terrestres, un lieu de méditation, mais aussi de curiosités et d'une science qui parfois se pare des couleurs et mystères de l'enchantement. Chaque nouvel épisode, esquisse les portraits de celles et ceux qui ont imaginés, créés, transformés, restaurés ces jardins tous uniques.

@ Le Monde

Chaque épisode débute par cette phrase de présentation, de notre guide, Jean-Philippe Teyssier :  "Je suis architecte-paysagiste, je vous invite à un voyage dans l'art des jardins, à la rencontre de ceux qui les font vivre, les étudient et les imaginent." Et tout au long de cette belle aventure, ce spécialiste, se révèle à l'écoute de chaque intervenant et des paysages, participant ainsi à notre envie de prolonger encore ce voyage, par de  nouvelles découvertes. Alors n'hésitez pas, suivez le lors de chaque première diffusion en replay sur Arte. Laissez votre imagination ouvrir votre regard à toutes ces beautés fragiles et éternelles. Parmi les merveilles de cette nouvelle saison, les jardins du manoir de Sezincote en Angleterre reflète parfaitement la poésie, l’esprit de cette si belle série. 

Voici un univers profondément baroque, à ne surtout pas manquer.

Par Monique Parmentier... « la fille d’un jardinier »

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Ithaque, extrait d’un poème de Cavafy traduit par Marguerite Yourcenar

3 Mars 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

 

@ Monique Parmentier

Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer
que par des émotions sans bassesse.
 
Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi....
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