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Le blog de Susanna Huygens

Bailar cantando... l'âme de l'oiseau

22 Novembre 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

@Alia Vox

Ce Cd aux sensations multicolores et tournoyantes est une véritable perle baroque qu’on ne lasse pas d’écouter et réécouter, tant sa beauté aux multiples facettes est envoûtante. Entre l’apparente joie de vivre de la musique et la profonde mélancolie des textes, on y voyage vers l’horizon d’une liberté rêvée et de civilisations dont le mystère a survécu par la musique.

Je vous avais évoqué ce programme à l’occasion du festival Musique & Histoire pour un Dialogue interculturel en 2017, durant lequel il a été enregistré. Et quel bonheur de le retrouver, avec une émotion intacte et même multipliée par les souvenirs et le temps que l’on s’accorde pour en savourer les textes, -que ce soit des chants, mais ceux aussi de Jordi Savall et des musicologues-, ainsi que les illustrations, qui font de cette publication un coffret rare et précieux.

Cette « fiesta mestiza en el Perú » comme son sous-titre l’annonce est celle du métissage dont les sources profondes sont celles des origines d’une musique populaire issue des civilisations anciennes qui ont marqué le Pérou. Il est composé de chants et de musiques issus du Codex « Trujillo del Perú », provenant de la Cathédrale de Lima et datant des années 1780-90. Toute la richesse culturelle d’un pays, au cœur du XVIIIe siècle, donc plus de deux siècles après l’arrivée des conquistadors, s’y révèle. Ces différentes populations, tant d’origine amérindienne, qu’africaine et espagnole ont en partie fusionné leur héritage. Ce Codex contient de superbes aquarelles et des textes présentant un grand intérêt ethnologique, nous offrant aussi bien une description de la vie quotidienne des indiens et des colonisateurs, qu’une somme de connaissances sur la diversité de la faune et la flore. Et au milieu de tout cela, des partitions de Tonadas, Cachuas, Tonadillas, Cachuytas et Lanchas ne demandent qu’à retrouver leurs musiciens.

 

@ Monique Parmentier

L’orchestre rassemblé par Jordi Savall prend donc en compte toutes les spécificités et multiples ascendances de ces musiques et les fait flamboyer, scintiller, virevolter pour notre plus grand plaisir. Et si le Quetzal n’est pas un oiseau des Andes mais de l’Amérique centrale, il semble ici surgir des notes, comme pour mieux rappeler la luxuriance de la pluralité des mondes qui se rencontrent ici. Ces musiques populaires si évocatrices d’ailleurs, de liberté, de mystères se jouent de la rupture avec les mots qui eux nous disent la souffrance, la peur, l’indicible profondeur de la souffrance de l’âme. La diversité des couleurs instrumentales - de la guitare en passant par les harpes, mais également les flûtes et les percussions amérindiennes (telle la quijada)- et des voix, nous racontent des histoires où les émotions et des situations parfois tragiques, parfois drôles s’entremêlent.

 

Comme il s’agit de l’enregistrement du concert de Fontfroide, on se plait à retrouver ici, grâce à une qualité de prise de son équilibrée et claire, l’émotion ressentie sous les voûtes de l’abbaye cistercienne de Fontfroide. Si le maestro catalan reprend ici des airs déjà enregistrés (Comme la cachua « Niño il mijor »), dans certains autres programmes à thèmes où s’intégraient parfaitement certaines chansons issues du Codex, il recompose comme à chaque fois une nouvelle épopée dont la poésie nous étreint le cœur et nous met l’âme en joie.

 

Ce programme fait surgir les cimes des Andes et les cités mythiques ou historiques de l’Eldorado à Machu Pichu, ou ces déserts si secs où les nazcas ont dessiné des figures énigmatiques qui nous fascinent et qui ont générés bien des mythes et des légendes.

 

Les voix arc-en-ciel d’Ada Coronel et Maria Juliana Linhares dansent et font tournoyer les couleurs des costumes chatoyants et les plumages féériques des colibris qui font vibrer l’air tandis que le soprano si lumineux d’Adriana Fernandez, irradie le bleu si pur d’un ciel irréel et presque accessible à la main de l’homme.

 

Le magnifique solo Jaya llûnch, Jaya Llôch, une tonada dont le texte est issu de la langue Moche, accompagné par un bourdon obsédant, évoquant la mort du christ, est tel que dans notre souvenir. L’élégance du phrasé et la plénitude qui émanent du chant du ténor Victor Sordo, donnent vie aux larmes qui apaisent et suspendent le temps. En duo ou trio, avec leurs camarades tous plus superbes les uns que les autres de la Capella Reial de Catalunya, ils donnent corps à ces textes, célébrant Noël ou la liberté, parfois très audacieux et impertinents, ne s’attardant jamais longtemps sur une mélancolie qui sourde parfois. Cet univers irisé, où frémissent les cordes et palpitent les percussions d’Hespérion XXI, est riche de mille et une nuances et couleurs toujours fastueuses. Le Tembembe Ensamble Continuo et Les Sacqueboutiers s’en donnent à cœur joie, de rire et de folie. Il faut ici souligner particulièrement les couleurs si péruviennes des flûtes, au souffle si énigmatique et dépaysant, de Pierre Hamon. Elles résonnent comme un appel de l’inconnu, du songe, qui tôt ou tard pousse l’être humain, à partir au -delà, par-delà l’horizon, chercher l’inconnu, et parfois pour son malheur et celui de celles ou ceux qui seront sur son chemin, la damnation de l’or.

 

Au pays du Condor, les âmes s’élèvent ici toujours plus haut, plus loin, en quête du bonheur sous toutes ses formes échappant au malheur grâce aux voix du vent, à la musique et à la danse.

 

La Capella Reial de Catalunya : Marie Juliana Linhares, Adriana Fernández, sopranos ; David Sagastume, contre-ténor. Victor Sordo, Lluis Vilamajó, ténors. Furio Zanasi, Baryton. Marco Scavazza, baryton ; Daniele Carnovitch, basse.

Musiciens d’Hespérion XXI. Direction, Jordi Savall

A CD ALIA VOX Durée du CD1 70’01. Livret : Castillan/Français/Anglais/Catalan/Allemand/Italien. Enregistrement réalisé à l’Abbaye de Fontfroide, Narbonne, le 19 juillet 2017.

Enregistrement, Montage et Masterisation SACD : Manuel Mohino (Ars Altis)

 

Par Monique Parmentier

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Arianna, Petter et Miquel, Chants du Sud et du nord... chants de l'infini

14 Novembre 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Dossiers Musique

@ DR

Ce matin dans mon train du petit matin très tôt, j'ai commencé à écouter l'enregistrement d'un concert d'Hirundo Maris donné à Prades. En quelques instants, j'ai eu le sentiment d'être transporté loin, si loin…  hors de ce monde, dans un univers de tous les possibles, de tous les Once upon a time…  Le temps s'est effacé pour laisser place à un univers dont la beauté et l'harmonie s'entrelaçaient et m'enlaçaient d'un lumière faite d'amour et d'empathie.

A l'instant où j'ai perçu autour de moi tous les gens qui se levaient me ramenant au quotidien, il m'a fallu surmonter un choc émotionnel dont je n'imaginais pas qu'il pourrait être si vertigineux. J'ai été submergée aux larmes par le déchirement du retour. La musique, les voix d'Arianna Savall et de Petter Udland Johansen, le charme qui émanent du programme Chants du Sud et du Nord sont si oniriques que rien ne peut résister à l'envoutement, à la fascination qu'ils exercent. Accompagnés par Miquel Angel Cordero à la contrebasse, les trois artistes créent en quelques secondes un lien entre les âmes qu'il est impossible de rompre en un instant… de rompre tout simplement. La profondeur du son des trois instruments à cordes et des voix, est d'une sensualité infinie. En un murmure, la poésie du chant devient un souffle de vie. Les nuances instrumentales semblent multiplier les voix, appeler les voix du vent… Oh merci Arianna, Petter et Miquel d'avoir donné à mon petit matin très tôt, le sentiment d'un ailleurs où le silence serait musique et où règnerait une paix indicible. Merci pour cette magie des fées et des magiciens.

Par Monique Parmentier

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Jordi Savall et les Nations en concert à Versailles et Lyon

12 Novembre 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Dossiers Musique

@ Alia Vox

Le 4 Décembre 2018 à Versailles et le 15 Décembre 2018, à Lyon Jordi Savall donnera en concert le programme "Les Nations" de Couperin, que j'ai eu la chance d'entendre à Fontfroide cet été. Véritable invitation aux songes et à la méditation, cette musique de l'intime, de la conversation, de l'écoute entre amis a donné son nom au Concert des Nations, né en 1989. Alors que Jordi Savall et Montserrat Figueras, entouré de musiciens venus de toute l'Europe, se sont rassemblés pour faire revivre ces musiques qui plus que jamais nous apportent cette harmonie qui manque tant à nos quotidiens. Cette œuvre si essentielle dans le répertoire de la viole, est avant tout un hymne à la diversité et à la fraternité.

"Déclinée en quatre ordres : la Françoise, l’Espagnole, l’Impériale et la Piémontoise, chacun comprend une sonate aux accents italianisants, suivie d’une suite de danses résolument françaises". L'Europe ici, est celle des voix humaines, celle de la concorde entre les peuples, rêvée depuis si longtemps et qui aujourd'hui encore, malgré les institutions peine à se faire entendre.

Je chroniquerais durant l'hiver cette magnifique réédition de l'enregistrement qui vit le jour du Concert des Nations. Un magnifique cadeau pour les fêtes.

Vous pouvez par ailleurs retrouver sur le site de la Semaine du son, qui se tiendra à Paris du 21 janvier 2019 au 3 février 2019, une superbe interview de Jordi Savall, qui en sera le parrain. N'hésitez pas à l'écouter. 

Par Monique Parmentier

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Marcel... le grand oncle qui n’en est jamais revenu

9 Novembre 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

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Marcel ... 1895 1918 @ M Parmentier

Il avait 23 ans, ce 27 octobre 1918, lorsque après avoir traversé toute la première guerre mondiale et les âpres et violents combats que connu le territoire belge, il s’est éteint épuisé, incapable de résister à la grippe espagnole. Cette terrible maladie qui emporta des milliers de personnes épuisées par tant de privations et de souffrances et qui emporta un poète à la plume si sensible à l’éphémère, Guillaume Apollinaire quelques jours plus tard, le 9 novembre 1918. Un autre de mes grands oncles est lui mort un peu avant lors de combats, mais c’est Marcel qui a accompagné les récits que nous faisait de cette guerre, mon grand -Père maternel.

Longtemps après sa mort, mon arrière grand-mère maternelle l’attendait encore, l’espérait. Jamais elle ne voulut croire en sa mort. Marcel était un enfant né de père inconnu. Mon arrière grand-mère veuve depuis quelques années, rencontra un homme dont elle ne communiqua jamais à personne le nom, probablement même pas à Marcel. Alors son demi-frère, mon arrière grand-père, devenu chef de famille, décida de reconnaître officiellement Marcel et de lui donner son nom. Marcel aimait dessiner, c’etait quelqu’un de doux et généreux. Galvanisé par l’appel du roi Albert 1er au peuple belge, il décida dès l’entrée des allemands sur le territoire belge de rejoindre volontairement l’armée belge et devint cartographe auprès de l'état major. 

Mon grand-père, nous a si souvent parlé de ce grand-oncle qui fût son parrain. Les liens si forts qui les  unissaient tous à ce jeune homme, au secret de naissance si bien gardé, se sont transmis aux générations suivantes. Mon deuxième prénom est Marcelle, est-ce pour cela qu’il me semble que je n’aurais pu faire autrement que l'évoquer ici, en cette avant veille du centenaire de la fin de cette monstrueuse boucherie. Cher Oncle Marcel, j'aimerai te dédier ces quelques vers du poème de celui qui te suivit si peu de temps après dans la mort. J’ignore qui portera à l’avenir ta mémoire ... mais la main mouvante continuera à dessiner le fil de ces vies qui quelque part dans un ailleurs infini peut être perdurent.

par Monique Parmentier

Guillaume Apollinaire (1880-1918) @ DR

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

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Entre Dolce follia et gourmandise... l'Italie mon petit péché, ma petite folie

8 Novembre 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

@ DR

Il existe trois blogs que j'aime particulièrement, où pour deux d'entre eux l'Italie, douce et tellement baroque… extravagante cultive sa Dolce vita,. Le dernier lui est celui de deux narbonnaises l'une d'origine et l'autre d'adoption, qui montrent combien Narbonne et sa région offrent de merveilles à découvrir… Bref direction le sud, ses oliviers, ses vins de soleil, ses saveurs épicées et gourmandes.

Il y a d'abord le blog d'une française, installée à Florence, Alidifirenze. Sa créatrice Alice Cheron Marchi a d'abord eu un coup de cœur pour Florence, avant d'en avoir un pour un bel italien. En 2013, elle ouvre ce blog, où elle partage ses coups de cœur pour cette ville, ce pays, cet art de vivre l'instant, en donnant à l'éphémère, toute sa quintessence. Elle nous invite à découvrir tout ce qui fait le charme de la Toscane, mais aussi de Venise, … poussant petit à petit les frontières… elle nous donne de très bonnes adresses gourmandes ou de mode jusqu'à Paris, ville où les italiens aiment à venir poser leurs valises pour mieux nous faire goûter le bonheur de vivre chaque instant avec le sourire. J'ai d'ailleurs désormais dans mon carnet d'adresses, celle d'une boutique, caverne d'Ali Baba, qui se trouve à quelques pas de mon travail : L'épicerie RAP, 4 rue Fléchier, dans le 9ième arrondissement à Paris.

J'adore les épisodes de sa Dolce Folia, où sa belle-mère italienne est si ravissante, qu'on aimerait toute en avoir une qui lui ressemble. A savourer tous les jours, pour ce brin de folie, d'une Florentine, plus vraie que nature.

M Parmentier

Mon deuxième blog incontournable, un Déjeuner de Soleil, est celui d'une italienne (romaine) Edda Onnorato, installée à Aix-en-Provence. Son blog comme son nom l'indique nous offre un panorama de recettes du soleil, mais également du monde, que j'aime à tester. A lire Edda, on aurait des envies d'ouvrir une maison d'hôtes… En attendant, je navigue entre ses recettes d'osso buco, pasta & Risotto, mais également aux couleurs des saisons… en ce moment, je verse dans les courges et tout particulièrement ses recettes autour du Potimarron.

@ M Parmentier

Le dernier blog est donc narbonnais, Midinettes et Cie a été créé par Agathe et Emma, toutes deux trentenaires, elles nous offrent un vaste panorama de tout ce que Narbonne et sa région, offre au promeneur en quête de sorties qu'elles soient culturelles ou gourmandes… En allant sur ce blog, on ouvre le coffre aux trésors de tout pirate qui se respecte, me promettant au fond de ne jamais m'ennuyer, une fois que j'aurais le bonheur de pouvoir aller m'y installer, mais également des idées d'escapades à toute personne de passage qui ne connaîtrait ni la ville ni la région et aurait envie de s'en faire une idée précise.

Voici donc les blogs de 4 dames, qui cultivent le girl power en version carpe diem. N'hésitez pas à aller les visiter. Quelque chose me dit, que comme moi, vous n'aurez plus envie de les quitter.

Par Monique Parmentier.

PS : et depuis le début de l'hiver ma curiosité gourmande m'a conduit sur le blog d'une alsacienne... franco-marocaine, Leïla Martin. Cette jeune femme cultive le péché de gourmandise avec une générosité ensoleillée.  Entre Grumbeerekiechle au potimarron, baeckeoffes et Bredele, les tajines qu'elle vous propose de tester, vous emmèneront tous au pays des merveilles de la cuisine plaisir. Découvrez vite : Je vais vous cuisiner.

 

 

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