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Le blog de Susanna Huygens

L'éphémère éternité de la beauté

13 Mai 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Divers

WILLY RONIS en 1948

Dans ce monde si cynique, il m'arrive de repartir en quête de poésie... lorsque je sens combien le présent me pèse dans toute sa brutalité. Et voici, que quelques photographies de Paris réalisées par WILLY RONIS en 1948 me bouleversent et m'interpellent. Et ces quelques mots de Marie de Heredia :

"Ah ! terrasses ! jardins d’avril et de paresse,
Ne reste-t-il rien de moi parmi le vent ?
Que deviendront mes pas et mon rêve émouvant,
Et ma tendresse, et ma tendresse, et ma tendresse ?"
me murmurent ce qui me trouble.

 

 

 

@ Willy RONIS - 1948 Paris

Qu'est - il arrivé à notre monde pour qu'autant de cynisme l'enferme dans une violence que même la parole n'en est plus qu'une parole "libérée", odieuse sans plus aucune poésie et tendresse, onirisme et altruisme. Plus rien ne semble retenir la bassesse, l'horreur et alors même que nous avons la mémoire de la douleur et du bonheur, de la laideur et de la beauté de tous ces siècles passés, le soi-disant "parler vrai" écrase la poésie, comme nos modes de vie font disparaître les oiseaux, les abeilles de nos campagnes, les cétacées des océans, la vie dans toute sa diversité. L'espoir de vivre mieux, redevient une lutte, au lieu d'être une simple évidence.

Dans quelques mois, nous célébrerons le centenaire de l'armistice du 11 novembre. La fin de ce que nous jurions, non seulement de ce que nous imaginions la pire boucherie humaine, mais la main sur le coeur à tout jamais la certitude que nous ne recommencerions pas.

@ Willy RONIS - 1948 - Paris

Jamais nos femmes et hommes politiques n'ont tenu des propos aussi brutaux et méprisants, loin de ce désir profond des femmes et des hommes de vivre en paix, dans un monde Harmonie... Alors tout en écoutant Debussy, je m'abîme dans cette tendresse infinie de ces images et de ces poèmes qui nous disent que d'autres choix sont possibles, ceux de la beauté et de la générosité.

Plus que jamais nos élites intellectuelles, devraient méditer ces paroles d'Albert Camus, car elles portent une lourde responsabilité à mes yeux, de cette parole "dévoyée" : "

"J'essaie en tout cas, solitaire ou non, de faire mon métier, et si je le trouve parfois dur, c'est qu'il s'exerce principalement dans l'assez affreuse société intellectuelle où nous vivons, où on se fait un point d'honneur de la déloyauté, où le réflexe a remplacé la réflexion, où l'on pense à coups de slogans, et où la méchanceté essaie trop souvent de se faire passer pour l'intelligence".

@ Willy RONIS - 1948 - Paris Rue Villin

Et dans ces passants baignés de lumière, je ne peux m'empêcher de songer à ces vers de Claude Ptolémée, vieux de plusieurs siècles. " « moi qui passe et qui meurs/Je vous contemple étoiles !/ …Je m’associe, infime à cette immensité/Je goûte en vous voyant, ma part d’éternité ». Il ne tient qu'à chacun d'entre nous de refuser de céder à l'avilissement et de réenchanter ce monde, cette planète "bleue comme une orange".

Ces photographies, ces poèmes, la musique de Debussy sont autant d'appels à s'ouvrir à l'éphémère éternité de la beauté.

Mais il me semble que désormais, il y a vraiment urgence.

"Étoile qui passes d’un arbre à l’autre
filant ton chant léger
la maison prend le large
et les enfants à la fenêtre
montrent du doigt le point du ciel
aussi doux que des lèvres
où la parole est née
".

Daniel Boulanger - Retouches

Actuellement se tient une rétrospective Willy Ronis par Willy Ronis et ce jusqu’au 29 septembre au Pavillon Carré Baudoin - 121 rue de Menilmontant - visite gratuite

Par Monique Parmentier

 

 

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Le jardin mouillé - Henri de Régnier

13 Mai 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

@ Monique Parmentier

La croisée est ouverte ; il pleut
Comme minutieusement,
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant,

Feuille à feuille, la pluie éveille
L’arbre poudreux qu’elle verdit ;
Au mur, on dirait que la treille
S’étire d’un geste engourdi.

L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait là-bas
Entendre sur le sable et l’herbe
Comme d’imperceptibles pas.

Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel ;
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.

Il pleut, et, les yeux clos, j’écoute,
De toute sa pluie à la fois,
Le jardin mouillé qui s’égoutte
Dans l’ombre que j’ai faite en moi.

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Les racines de la Liberté, de la création et de la Civilisation... les différences

1 Mai 2018 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Poésie et Littérature

"Je ne crois qu'aux différences, non à l'uniformité. Et d'abord, parce que les premières sont les racines sans lesquelles l'arbre de liberté, la sève de la création et de la civilisation, se dessèchent".

---- Albert Camus, Appel pour une trêve civile (1956)

Albert Camus, manque tant à notre monde, à notre temps. Il me manque tant. Chaque jour qui passe me laisse un peu plus en un profond désarroi. Je me sens si étrangère à tout ce vide et ce narcissisme ambiant. Les collines de mon sud, les roses blanches des Elisyques m’appellent, semblent me murmurer ... des souvenirs de ce qui n’est plus ou n’est pas encore. Puisse la poésie et la musique, les voix du vent et les rêves enchantés vaincre un jour l’absurde barbarie et les peurs démentes qui empêchent les hommes de vivre en harmonie.

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