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Le blog de Susanna Huygens

Bach drama

20 Mai 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Visuel_drama.jpgJohan Sebastian Bach. Drama

 

Je comprends que certains n’aiment pas Bach. Y a t il un autre génie de cette trempe qui fait mieux que quiconque tout ce qu’il fait ? Cette étrange perfection formelle, alliée à la splendeur de l’écriture virtuose, la richesse des rythmes de danse, les instrumentations variées, l’appui constant sur le texte même dans les da capo tout est proche de la perfection. Aucun genre ne lui est étranger. Ceux qui le cantonnent dans la splendeur du genre sérieux vont en être pour leurs frais avec ce coffret, car le genre sinon comique du moins humoristique tient en trois œuvres des exemples de choix.

Ainsi le label Ambronay a fait confiance à sa découverte, le sémillant Leonardo Garcia Alarcon, pour recréer des œuvres profanes de Bach. Ces dernières sont écrites pour des événements « mondains » anniversaires, récompenses ou défis musicaux. Le Café Zimmermann qui avait aussi une salle de concert et un jardin en plein air servant l’été de salon de musique est probablement le lieu dans lequel ces œuvres ont été répétées et données en première audition entre cafés, bières et peut être chocolats et vins. Une ambiance amicale régnait et Bach n’était pas le dernier à trinquer nous assure Gilles Cantagrel qui signe un très beau texte accompagnant. Garcia Alarcon lui, justifie une admiration totale pour ces œuvres du cantor, alors que si tout n’est pas du niveau du sublime, rien n’est en dessous de ce qui est fait à l’époque. Ces trois cantates dramatisées, de style profane, sont composées sur des livrets en allemand pas forcement fins.

La dispute rhétorique entre Pan et Apollon est un peu raide et la victoire de la musique savante sur la musique populaire est abrupte. Car les airs sensés départager les deux divinités musicales sont de grandes qualités chacun. La fausse colère d’Eole est surtout l’occasion d’un chœur virtuose des vents à la riche orchestration du plus bel effet. La troisième cantate se veut édifiante, Hercule expliquant son choix entre Volupté et Vertu. La simplicité des livrets est contrebalancée par la richesse des partitions. Les chœurs sont splendides et les airs parfois d’une beauté saisissante et d’une virtuosité opératique. Les récitatifs sont concis et pas trop convenus. L’orchestration utilise tambours, timbales, trompettes, hautbois, basson, luth et cistre ainsi que nombreuses cordes, orgue et clavecin. C’est une des plus vastes palettes de couleurs envisageable. L’utilisation humoristique du basson est particulièrement réjouissante.

Les jeunes chanteurs choisis sont tous efficaces avec une mention particulière pour le ténor élégant et virtuose de Fabio Trümpy. Le chœur de Chambre de Namur est très à l’aise dans les grands portiques choraux comme dans les moments plus modestes. L’orchestre avec en Concertmeister Patrick Cohën-Akenine est virtuose et sensible. Rien n’a été lésiné afin de permettre une adhésion immédiate à ces récréations généreuses de partitions oubliées d’un Bach plus aimable entouré probablement d’étudiants. L’Abbaye d’Ambronay est le cadre qui a permis l’enregistrement des deux premiers drama mais c’est un concert capté par Arte qui est offert en DVD qui permet le mieux de percevoir l’engagement du chef qui dans un enthousiasme généreux, tous sourires dehors, dirige ses troupes avec gourmandise.

Le charme de Céline Scheen passe très bien à l’écran, son air de la volupté est admirable. Le ténor Fabio Trümpy a un port royal est une sûreté admirable dans les vocalises.

Tout est réuni pour convaincre que Bach a de l’humour et de l’esprit à revendre dans ces pièces de circonstance pour lesquelles il a osé utiliser un orchestre volumineux.

Ancêtre des Singspiel ces Drama sont porteurs d’une véritable théâtralité. Mais des chefs géniaux comme Gardiner nous avaient déjà convaincu dans son intégrale Live des Cantates en 2000 que Bach a écrit, malgré l’interdiction, de la musique d’opéra.

La prise de son fait de son mieux avec l’acoustique un peu floue de la Basilique d’Ambronay.

 

Par H S

 

 

Der Streit zwichen Phöbus und Pan, BWV 201

Der Zufriedengestelle Äolus, BWV. 205.

Die Wahl des Hercules, BWV 213.

Christian Immler, Alejandro Meerapfel, Céline Scheen, Clin Van der Linde, Fabio Trümpy, Makoto Sakurada,

Chœur de Chambre de Namur

Les Agrémens

Direction Leonardo Garcia Alarcon

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