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Le blog de Susanna Huygens

Philippe Herreweghe danse la Messe en si

20 Février 2012 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

visuel CdC’est une chose entendue la Messe en Si de Bach est un monument. Combien d’excellentes versions discographiques comptons nous ? Depuis la première de Karajan pleine de mirages qui n’ont pas duré et celle monumentale et « hénorme » de Klemperer avec des chanteurs d’exception... puis les versions baroques des origines un peu extrêmes, Harnoncourt, avant un équilibre plus aimable.... chacune apporte sa petite pierre à l’édifice de l’hommage rendu au génie à l’état pur. Même la dernière version iconoclaste de Minkowski à un par voix a séduit ou irrité, mais a apporté des moments jamais entendus ainsi jusque-là. ? N'oublions pas Michel Corboz qui a tant donné de lui dans cette œuvre chorale majeure. Qui peut se lasser de cette partition ? Qui peut prétendre en rendre la quintessence en une seule interprétation ? Partition bien trop vaste pour une simple messe. Bien trop belle pour être seulement religieuse. Bien trop œcuménique (messe en Latin composée par un Protestant) pour être récupérée. Des choeurs trop immenses pour être réduits à un par voix, des airs bien trop exigeants pour des voix trop frêles ou trop puissantes. Une texture trop entremêlée pour résister au gigantisme... Trop ample si les moyens sont fragiles...

 

Philippe Herreweghe a déjà gravé une version de référence (celle de 1996) parmi d’autres (Gardiner, Brüggen, Koopmann, Kuijken... ) car aucune ne nous suffit vraiment. Cette dernière pourtant fera date. Philippe Herreweghe qui dès ses débuts tutoyait Bach semble encore s’entretenir avec lui sur des hauteurs peu fréquentées.

 

Salomon van Ruisdael DeventerCette version publiée dans son label : Phi, est son quatrième opus, et devient incontournable.Tout y est lumière et danse. La lumière des marines des Flamants et la danse simple des hommes entre palais et villages qui donne des ailes à chacun. Jamais aucune version ne s’est simplement mise au service du génie de l’homme. Bach est un homme de cœur et un génie de la composition, mais surtout un génie du mouvement voluptueux du corps humain. Nombreux sont les moments choraux ou solistes dans lesquels la danse devient évidente. La direction de Philippe Herreweghe est d’une souplesse peu commune tout en sculptant des structures parfaites. Les fugues sont impeccablement échafaudées, solides et mobiles à la fois. Le soutien du continuo est admirable de charme pour les chanteurs, les instrumentistes phrasent comme des chanteurs qui eux-mêmes ont la précision des musiciens. Et que dire du chœur, le Collegium Vocale Gent, si ce n’est qu’il s’approche de la perfection absolue en une masse chorale diaphane et lumineuse. Chaque pupitre est d’une pureté rare, d’une lumière d’éternité. Les basses elles-mêmes sont plus claires qu’impressionnantes mais avec une présence amicale. Les ténors planent haut et sur, les alti émeuvent par une incarnation troublante et le soprani sont à des hauteurs stellaires. Quel beau chœur dont chaque voix est harmonie et chaque pupitre entité vivante au service du grand tout ! Les solistes sont très honnêtes même si les amateurs de grandes voix peuvent rêver et ouvrir leurs oreilles ailleurs. Ce qui séduit dans cette version c’est cette danse de chaque instant qui donne une jubilation rare et incarnée, finalement la plus belle manière de louer le créateur par des hommes de chair qui se donnent la main. N’est-ce pas cela le message de Bach lui-même ? Qu’il nous a laissé sans avoir jamais lui même entendu sa messe en entier... cet enregistrement donne envie de l’écouter en boucles jusqu’à l’ivresse.

 

Par H S

 

2 CD LPH 004

Distribués par Outhere

Durée totale 1h 41’18’’

Code : 5 400439 000049

 

Pour vous le procurer : http://www.outhere-music.com/store-LPH_004

 

Tableau de Salomon van Ruysdael, Vue de Deventer à la National Gallery de Londres

 

 

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