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Le blog de Susanna Huygens
Articles récents

Arie e Lamenti : la voix de l'émotion

1 Décembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique

@ Alia Vox

Madrigali Guerrieri et Amorosi
Montserrat Figueras – Jordi Savall – La Capella Reial de Catalunya

Il est des CD dont on retarde l’ouverture, sans trop savoir pourquoi. Peut- être parce que l’on sait qu’ils vont vous prodiguer une émotion que l’on redoute. Une émotion si grande que la perdre serait encore plus terrifiant que d’oser la vivre.

Les deux CD qu’Alia Vox réédite dans sa collection Héritage, sont bien connus de tous les amoureux de la musique ancienne. Mais ce soir en écrivant cette chronique, telle Pandore, on réalise que le pire s’est produit. L’on se retrouve à prendre conscience de la perte immense pour chacun de nous qu’est la disparition de celle qui participa par sa présence et sa voix si radieuse et envoutante, aux côtés de Jordi Savall, au succès de la belle aventure humaine, dont AliaVox est le témoignage.

Montserrat Figuerras, puisque c’est d’elle dont il s’agit, et l’ensemble des musiciens qui l’accompagnait ici dans ces deux CD, nous font vivre un moment d’émotion absolu. Jamais la voix n’a exprimé avec autant de vérité la poésie de la douleur et de la joie d’aimer, du désir qui emporte tout. Il n’est que d’entendre dans les Arie et Lamenti du CD 1, la Lettera Amorosa ou le Lamento d’Arianna pour en être poignardé par l’intensité. Dans le CD 2, consacré au Livre VIII, dans les madrigaux guerriers et amoureux, ce qui frappe c’est la beauté de la distribution vocale. Autour de Montserrat Figuerras, chaque chanteur vibre dans la violence faite aux sentiments et aux corps qu’exprime avec force ce « style concitato » créé par Monteverdi. Quant aux musiciens, et ce dans les deux CD, ils donnent à la ligne de chant des couleurs aux nuanciers d’ombres et de feu.

Que peut-on rajouter, qui n’ait déjà été écrit ? Montserrat Figuerras et Jordi Savall ont apporté à chacun de nous, depuis la création d’Hespérion XX en 1974, tant de générosité, d’amour et de passion que nos mots ne sauraient remplacer la musique qu’ils ont interprétée avec tant de rigueur et d’harmonie.

Ce soir nous partageons le chagrin de cette famille qui nous a tant donné. Et ces deux CD, sont un de leurs dons à la valeur incommensurable. Leur présence dans votre discothèque en est indispensable. La musique de Claudio Monteverdi avait trouvé ici ses plus fervents et humbles serviteurs. Tout y est exprimé, jusqu’à l’éternelle douleur que représente la perte de l’être aimé. Ce coffret ouvert, nous révèle les plus beaux trésors de l’interprétation du maître mantouan. Montserrat Figuerras nous manquera à tous. Elle nous laisse orphelin. Puisse Jordi Savall trouver la force de poursuivre le travail si magnifique dont ces deux CD sont les témoins. Lorsque vous ouvrirez le livret, sa beauté transfigurera l’instant et plus jamais vous n’aurez envie de le refermer.

Monique Parmentier

2 CD Alia Vox (1976/1992 – Réédition 2011) Durée: CD1 53’10’’– CD2: 61’20’’

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La voix de l’émotion

28 Novembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

7619986398846.jpgArie e Lamenti
Claudio Monteverdi
La voix de l’émotion

Madrigali Guerrieri et Amorosi
Montserrat Figueras – Jordi Savall – La Capella Reial de Catalunya

Il est des CD dont on retarde l’ouverture, sans trop savoir pourquoi. Peut- être parce que l’on sait qu’ils vont vous prodiguer une émotion que l’on redoute. Une émotion si grande que la perdre serait encore plus terrifiant que d’oser la vivre.

Les deux CD qu’Alia Vox réédite dans sa collection Héritage, sont bien connus de tous les amoureux de la musique ancienne. Mais ce soir en écrivant cette chronique, telle Pandore, on réalise que le pire s’est produit. L’on se retrouve à prendre conscience de la perte immense pour chacun de nous qu’est la disparition de celle qui participa par sa présence et sa voix si radieuse et envoûtante, au côté de Jordi Savall, au succès de la belle aventure humaine dont AliaVox est le témoignage.

Montserrat Figuerras, puisque c’est d’elle dont il s’agit, et l’ensemble des musiciens qui l’accompagnait ici dans ces deux CD, nous font vivre un moment d’émotion absolu. Jamais la voix n’a exprimé avec autant de vérité la poésie de la douleur et de la joie d’aimer, du désir qui emporte tout. Il n’est que d’entendre dans les Arie et Lamenti du CD 1, la Lettera Amorosa ou le Lamento d’Arianna pour en être poignardé par l’intensité. Dans le CD 2 consacré au Livre VIII, dans les madrigaux guerriers et amoureux, ce qui frappe c’est la beauté de la distribution vocale. Autour de Montserrat Figuerras, chaque chanteur vibre dans la violence faite aux sentiments et aux corps qu’exprime avec force ce « style concitato » créé par Monteverdi. Quant aux musiciens, et ce dans les deux CD, ils donnent à la ligne de chant des couleurs aux nuanciers d’ombres et de feu.

Que peut-on rajouter, qui n’ait déjà été écrit ? Montserrat Figuerras et Jordi Savall ont apporté à chacun de nous, depuis la création d’Hespérion XX en 1974, tant de générosité, d’amour et de passion que nos mots ne sauraient remplacer la musique qu’ils ont interprétée avec tant de rigueur et d’harmonie.

Ce soir nous partageons le chagrin de cette famille qui nous a tant donné. Et ces deux CD, sont un de leurs dons à la valeur incommensurable. Leur présence dans votre discothèque en est indispensable. La musique de Claudio Monteverdi avait trouvé ici ses plus fervents et humbles serviteurs. Tout y est exprimé, jusqu’à l’éternelle douleur que représente la perte de l’être aimé. Ce coffret ouvert, nous révèle les plus beaux trésors de l’interprétation du maître mantouan. Montserrat Figuerras nous manquera à tous. Elle nous laisse orphelin. Puisse Jordi Savall trouver la force de poursuivre le travail si magnifique dont ces deux CD sont les témoins. Lorsque vous ouvrirez le livret sa beauté transfigurera l’instant et plus jamais vous n’aurez envie de le refermer.

Monique Parmentier

2 CD Alia Vox (1976/1992 – Réédition 2011) Durée : CD1 62’07’’ – CD2 : 56’50’’

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Entre virtuosité et amitié

19 Novembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Visuel_zimmermann.jpgConcerts avec plusieurs instruments – VI
Johann Sebastian Bach
Café Zimmermann

Voici donc le VIe et dernier tome des Concerts avec plusieurs instruments que le Café Zimmermann consacre à Johann Sebastian Bach chez Alpha. Et c’est une conclusion délicieusement fastueuse et gourmande qu’ils nous offrent. Ce programme conclusif est composé avec élégance d’une suite pour orchestre, d’un concerto brandebourgeois et de deux concerti pour clavecin dont un pour quatre clavecins. Tout le génie de Bach nous est rendu ici par des interprètes dont la virtuosité et l’engagement sont un mélange harmonieux de délicatesse et de somptuosité.
Chaque pièce est un véritable bonheur. De la suite qui ouvre le CD, en passant par un Brandebourgeois N° 1 aux tempi endiablés, jusqu’ aux envoûtants concerti pour clavecins.
Les trompettes sont éblouissantes dans l’ouverture n° 4 en ré majeur BWV 1069 et dans le Brandebourgeois, les cors brillants semblent sur un fil, jouant à se faire peur. La souplesse et le moelleux du basson dans le même concerto mêle sa voix avec suavité à celle des hautbois si tendres.
La virtuosité des violons et des clavecins illuminent les dialogues fougueux du Concerto pour quatre clavecins en la mineur BWV 1065.
Dans ce CD, les musiciens du Café Zimmermann nous entrainent dans un tournoiement musical enivrant. Entre humilité et audace, déliée par une souplesse arachnéenne et des phrasés aristocratiques, la musique respire, vibre et s’envole. La richesse des couleurs et des rythmes est un enchantement et l’insolence des dialogues toujours vifs nous permet de savourer des instants de pur plaisir.
Un seul regret, il s’agit du dernier tome d’une série qui tout du long nous aura séduit par la virtuosité, l’humilité et la passion pour Bach que les musiciens du Café Zimmermann auront su partager avec nous.
En guise d’introduction, les quelques mots de Gilles Cantagrel, dans le livret attisent notre curiosité et une prise de son précise et aérée vient mettre en valeur cet enregistrement aussi savoureux qu’un chocolat chaud délicatement épicé au cœur de l’hiver.

Monique Parmentier

1 CD Alpha 59’26’’
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Ferita d’Amore : l'extravagance de la différence

3 Novembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Visuel-Ferita-amore.jpgDeux jeunes femmes, théorbistes d’origine argentine, en compagnie de Marco Beasley pour le chant, nous offrent ici un très bel enregistrement de Bellerofonte Castaldi.
Ce poète, libre-penseur, qui dès sa naissance, avec son prénom extravagant, se voyait marqué du sceau d’une différence qui devait le conduire sur les chemins de l’exil et dans diverses prisons tout au long de sa vie. En 1999, il avait déjà fait l’objet d’un enregistrement marquant par Vincent Dumestre et son Poème Harmonique, avec au chant une Guillemette Laurens tragique et bouleversante.
Bellerofonte-Castaldi-240x-A2F55EB4.jpgIci la démarche est différente. Pas de basse continue et seulement deux madrigaux chantés. Mais quelle magnificence sonore. Il ne peut être plus belle façon pour ceux qui ne connaissent pas le répertoire pour théorbe de le découvrir ainsi, quant à ceux pour qui il n’a plus de secret, la virtuosité et la sensibilité des interprètes les enchanteront. Evangelina Mascardi au théorbe et Mónica Pustilnik au tiorbino (un petit théorbe dont la tessiture est d’une octave supérieure) créent des nuances infimes, légères, faisant battre le cœur de cette musique, semblant faire vaciller la flamme de tendres clairs-obscurs.
Elles se jouent des difficultés, révélant la grande inventivité fantasmagorique et poétique de ce compositeur ami de Monteverdi, révolté par les injustices de son temps et qui fit de la liberté un art de vivre, fusse dans le plus grand dénuement. Elles nouent une véritable complicité avec lui pour mieux faire vibrer la mélancolie qu’expriment les cordes graves de l’instrument avec tant d’expressivité et nous révèlent la musique de cet homme libre et fantasque. Ce g
castaldi_capricci.jpgoût du mystère qu’il cultivait jusque dans les titres des pièces du recueil, Capricci a due stromenti cioe Tiorba e Tiobino… dont sont issues celles qui figurent dans ce disque comme la Mascherina (la petite sorcière), Il bischizzoso (le sournois) et d’autres encore.
Et les doigtés arachnéens d’Evangelina Mascardi et de Mónica Pustilnik semblent tisser des fils de lumière, aux milles reflets d’or qui nous envoutent.
Marco Beasley chante ici deux madrigaux où sa voix naturelle charme et touche par des nuances aussi subtiles que celle des instrumentistes. Les blessures d’amour s’estompent grâce à la sprezzatura, noble et sereine si chère à la noblesse  du début du XVIIe siècle.
La prise de son claire rend justice à la beauté sonore des instruments et le seul regret que l’on puisse émettre porte sur la traduction très approximative du livret, dont on se demande si elle n’est pas plutôt le fruit d’un traducteur automatique que d’un vrai travail de traduction.

Par Monique Parmentier

 

Copyright visuels : DR

Evangelina Mascardi - Mónica Pustilnik - Marco Beasley
1 CD Arcana - Durée : 57’59’

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Les Folies françoises des interprètes inspirés pour Bach

1 Novembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

visuel_cdbach.jpgConcerto pour Clavecin BWV 1052, 1053, 1055, 1056

Johann Sebastian Bach

 

Béatrice Martin, Patrick Cohën-Akenine, les folies françoises

Voici donc le second CD Bach dont nous parlions dans la critique du CD du Café Zimmermann, qui vient rappeler, que la musique du Cantor ne demande qu’à se laisser redécouvrir, lorsque des interprètes inspirés s’en emparent.
Pourtant les quatre concerti qui nous sont offert ici on fait l’objet d’une pléthore d’enregistrements et il est loin d’être évident de pouvoir nous émerveiller encore lorsqu’une discographie aussi riche existe.
C’est pourtant ce que les interprètes de ce CD réussissent à faire, tant le dialogue entre le clavecin et les cordes y est d’une lisibilité et d’une énergie, impressionnantes.
Béatrice Martin au clavecin fait preuve d’une impétuosité fulgurante tandis que les cordes emmenées par le violon lumineux et sensuel de Patrick Cohën – Akenine, l’accompagnent avec une fougue ardente.
Les musiciens des folies françoises reviennent ici à une version chambriste de ces œuvres et le choix du clavecin est peut être aussi une des clés de cette réussite, tant il redonne à cet instrument sa place clé dans ces œuvres pour clavier. Loin d’être joli, il y est d’une clarté et d’une vigueur peu commune. Il s’agit d’un clavecin allemand qui date de 1737 et est donc contemporain de Bach.
Béatrice Martin semble y puiser une vie qui vibre et palpite comme autant de voix qui nous interpellent et chantent. Et dès l’Allegro du Concerto BWV 1055 qui ouvre ce CD ont est happé par l’intensité de son interprétation. Dans le premier allegro du Concerto BWV 1052 ou dans celui du concerto BWV 1056, elle nous entraîne dans le tourbillonnant vertige du contrepoint, jusqu’à l’ivresse. Les cordes incisives et virtuoses font miroiter la lumière du clavecin. Le dialogue intime qui s’établit ici entre les musiciens est celui d’une humaine condition qui dépasse ses doutes et sa mélancolie pour mieux affirmer sa foi et ses passions.
La prise de son brillante et équilibrée vient renforcer cette enivrante version des concerti de Bach

Monique Parmentier
1 CD Cyprès - Durée : 62'09 - Enregistrement réalisé du 2 au 5 janvier 2009 dans la salle d'orchestre de l'ESMUC à Barcelone - Clavecin Christian Zell, 1737, Museu de la Musica (Barcelone) et Clavecin Joan Marti d'après Ch. Zell, 2001

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Un Egisto romain pour Mazarin

29 Octobre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

_DSC7412-Matthieu-Chapuis--David-Witczakcdidier-Saulnier.jpgLes Paladins, Jérôme Corréas
Egisto, une redécouverte exceptionnelle
Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
23 octobre

 

On ne pouvait rêver plus bel écrin, que le charmant théâtre à l’italienne de l’Athénée pour recevoir cette coproduction d’une exceptionnelle rareté qu’est cet Egisto Composé par Marco Marazzoli et Virgilio Mazzochi sur un livret du Cardinal Rospigliosi, futur Clément IX, Egisto serait le premier opéra italien représenté en France à la demande de Mazarin en 1646. Cette redécouverte extrêmement récente est en partie le fruit d’un hasard dont on remercie la musicologue d’origine italienne, Barbara Nestola.
Qui mieux que Jérôme Corréas, dont on connait tous la passion pour ce répertoire du premier XVIIe, pouvait relever le défi de faire aimer au public contemporain une œuvre qui initialement durait plus de 5 heures et dont il nous propose ici une version de trois heures ? Difficile de faire court donc pour en parler.
Egisto, qui s’est aussi intitulé Chi soffre speri (Celui qui souffre espère) est une œuvre composée d’un prologue et de trois actes séparés par trois intermèdes. Véritable patchwork de petites scénettes, elle est unique en son genre. Fable morale, elle est un pur produit d’une Contre-Réforme aux audaces surprenantes. Fruit d’une expérimentation unique, elle mêle tout à la fois musique, théâtre et danse, langue aristocratique et dialectes populaires (bergamasque et napolitain).

La troupe réunie autour de Jérôme Corréas redonne une jeunesse ardente à Egisto. Onze chanteurs  et quatre danseurs qui nous ont invités à un voyage réellement onirique. La mise en scène de Jean-Denis Monory, spécialiste du répertoire baroque, s’est attachée à relever la poésie de la gestuelle et de la langue, et surtout celle du corps expressif. Les décors épurés qui laissent à l’imaginaire le soin de rêver des forêts ou des châteaux d’Adeline Carron, les lumières fantasmagoriques d’Olivier Oudiou, les costumes élégants, riches en couleurs de Chantal Rousseau et les maquillages expressifs et soignés de Mathilde Benmoussa participent pleinement au bonheur de ce spectacle total.
_DSC7434-Fiera-di-Farfa-tutti-chanteurs-sauf-Muriel-Ferraro.jpg
Les chanteurs prennent possession de la vingtaine de personnages avec un plaisir communicatif parvenant à faire du public un acteur de cette joyeuse mascarade. Entre histoire d’amour contrarié un temps mais qui triomphe de tout, l’ivresse joyeuse de la foire de Farfa, en passant par les facéties et lazzi des serviteurs, entre la scène, la fosse et la salle, la magie du théâtre, de la Commedia dell’Arte opère.
Parmi les chanteurs nous retiendrons Muriel Ferraro, soprano travesti qui tient le rôle d’Egisto avec sensi
_DSC7448Fiera-di-Farfa-avec-au-centre-Marc-Valero-copie-1.jpgbilité. Dans le rôle d’Alvida (et de Virtu dans le prologue), Charlotte Plasse est une jeune veuve amoureuse d’une noblesse tendre et attachante. Le timbre sensuel d’Anoushka Lara convient parfaitement au rôle de la Nymphe Eurila et de la Volupté, tandis Blandine Folio Peres est une insolente et brillante Sylvia et une nourrice impertinente d’une grande drôlerie.
Dans les rôles des serviteurs d’Egisto Matthieu Chapuis et David Witczak nous régalent par leur truculence. Et si nous ne pouvons tous les citer, ils nous ont tous permis de savourer durant ces trois heures ce Parlar Cantando qu’ils rendent si naturels qu’on en oublie qu’il n’est pas encore du chant, mais n’en est pas si loin.
Mais il ne faut pas non plus oublier la chorégraphie de Françoise Denieau qui permet aux quatre danseurs de s’intégrer parfaitement et avec grâce dans le mouvement de la musique et de la parole.
Sous la direction chaleureuse et radieuse de Jérôme Corréas, les Paladins apportent des couleurs aux nuances ambrées d’une Italie rêvée. Si la vie est un songe, le théâtre une illusion, alors en ce dimanche après-midi, la troupe des Paladins, nous a permis de nous évader vers un ailleurs baroque d’une exceptionnelle beauté.

Monique Parmentier

 

Crédit photographique : Didier Saulnier

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Ensemble Correspondances : entre humilité et ferveur

27 Octobre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

correspondances2.jpgL’Archange & le Lys : Messe & motets d’Antoine Boesset
TEMPLE DE PENTEMONT - 25 octobre 2011

L’ensemble Correspondances – Sébastien Daucé

C’est dans le très beau temple de Pentemont, ancienne chapelle de l’abbaye du même nom construite au XVIIIe siècle, que l’ensemble Correspondances nous a offert en concert son très beau programme qui vient de faire l’objet d’un CD, chroniqué il y a peu par nos soins : l’Archange et le Lys.

Les pièces sacrées proposées ici sont toutes issues d’un manuscrit exceptionnel par sa rareté, se trouvant à la BNF : le manuscrit Deslauriers. Si elles ne sont pas signées, certaines ont pu être attribuées à Antoine Boesset, l’un de ces compositeurs du premier XVIIe qui a fait de l’air de cour, un bijou rare et précieux. Son répertoire sacré qui avait été perdu, a donc été retrouvé, grâce à la passion de Sébastien Daucé. Qu’il en soit d’autant plus remercié que l’interprétation qu’il nous en offre, avec son ensemble Correspondances, tant au disque qu’au concert est tout simplement splendide. Entre humilité et ferveur, ils nous restituent avec flamboyance le chant extatique des religieuses de l’Abbaye de Montmartre qui ont pu interpréter ces œuvres, elles qui eurent pour maître de chant et compositeur Antoine Boesset.
Les 4 chanteuses font résonner en nous le cœur même de cette musique, qui touche à l’intime et qui pourtant nous emporte vers les sphères. Les timbres sont tous forts beaux. On remarque tout particulièrement celui du contralto Lucile Richardot, tant les graves sont assurés avec une longueur de souffle qui lui permet des nuances d’une infinie variété, entre force incantatoire et soupir doloriste. Mais les autres chanteuses ne sont pas en reste (Caroline Bardot et Juliette Perret, dessus et Marie Pouchelon, Bas-dessus) et leurs voix se mêlent en une union de feu et de glace pour mieux exprimer dans cette reconstitution d’une messe mariale, cette extase (et cette foi charnelle et sensuelle) baroque.
Les musiciens nous offrent une basse continue de pourpre et d’encens. Les flûtes aux parfums suaves, les violes aux voix lumineuses, le théorbe dont l’onde s’écoule comme les larmes et la fluidité des jeux de l’orgue positif, tendre et onctueuse soutiennent les 4 chanteuses avec générosité.
Pas de doute l’ensemble Correspondances est à suivre, tant musiciens et chanteurs se sont engagés avec talent par leur curiosité et leur passion à défendre des répertoires trop rarement donnés et dont la beauté est à couper le souffle.

 

Par Monique Parmentier

 

 

 

 

Copyright photo Correspondances : DR

 

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La Wallonie baroque par un jeune ensemble riche de talents

25 Octobre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques CD

Scherzi_musicali_Wallonie_baroque.jpgPetits motets - Joseph-Hector Fiocco

Scherzi Musicali – Nicolas Achten
La Wallonie baroque


C’est avec un label peu connu en France et qui pourtant le mériterait que le jeune et talentueux Nicolas Achten nous revient en cette rentrée avec un disque enregistré en… 2009 ! Dont il serait vraiment dommage de nous priver.

L’objectif de Musique en Wallonie est de faire redécouvrir l’ensemble du patrimoine musical francophone belge. Pour cela un véritable effort est fait tant au niveau de la recherche sur le répertoire proposé que de la présentation et de la prise de son si l’on se fie à celles dont a bénéficié ce CD.
Musique en Wallonie avait à l’époque confié cet enregistrement des Petits Motets de Joseph-Hector Fiocco, à un tout jeune ensemble, Scherzi Musicali, qui n’a cessé depuis de nous surprendre et de nous éblouir.
De son vivant, la notoriété de Joseph-Hector Fiocco (1703-1741) dépassa Anvers et Bruxelles où il occupa des postes de maître de chapelle, de compositeur et organiste, puisque certains motets furent programmés au Concert Spirituel à Paris. Son corpus de musique sacrée nous est parvenu sous forme manuscrite. Face à la rareté d’information sur l’interprétation de ses œuvres, Nicolas Achten nous en livre une vision sublimée, saisissante et éblouissante
Au confluent des influences françaises et italiennes – dont était originaire par son père Joseph- Hector Fiocco – la musique de ce compositeur nous apparaît ici dans toute sa sensuelle magnificence. Son discours nous séduit par les nuances et les couleurs que nous en propose Scherzi Musicali.
Les cinq motets retenus nous offre une palette aux tons pastels, mais d’où parfois encore semble surgir des clairs-obscurs.Mais ce sont particulièrement leurs traits vivaldiens qui nous bouleversent le plus comme dans le Beatus Vir où la soprano Céline Vieslet et les musiciens nous livrent une interprétation incandescente, au feu doloriste et passionnel, tout comme le Libera me Domino où la soprano Marie de Roy vient enrichir de son timbre lumineux cette pièce à la volupté frémissante et dramatique.
Il faut également relever la splendeur et la souplesse vocale de Nicolas Achten. Le talent de ce jeune musicien/chanteur était déjà en 2009 bien vivant et vibrant. Enfin le timbre solaire dans le Jubilate Deo du ténor Reinoud van Mechelen est un enchantement qui vient harmonieusement compléter cette distribution.
A quatre, deux ou une voix avec un instrumentarium particulièrement soigné, à la luxuriante profusion, les interprètes nous restituent les climats et les affects de ces œuvres avec une attention toute particulière à la fragile sensibilité de ce compositeur méconnu.
Une fois de plus Nicolas Achten et les Scherzi Musicali font preuve d’une talentueuse virtuosité. Leur jeunesse et leur enthousiasme sont des atouts précieux. Vous serez sans aucun doute ébloui par ce soin apporté au dialogue entre voix et instruments, la souplesse et le raffinement vocal de l’ensemble des chanteurs et la beauté des timbres et des phrasés, ainsi que de volupté fastueuse de l’ensemble instrumental. Il n’est jamais trop tard pour éditer et donc pour s’offrir une telle merveille.


Par Monique Parmentier

1 CD Musique en Wallonie Durée : 59’14’’

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La somptuosité de la musique de la chambre du Roi

30 Septembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

Versailles-concert-cour-des-cerfs-027.jpgLes Folies Françoises - Direction Patrick Cohën-Akenine

Château de Versailles - Galerie des Glaces

26 septembre 2011


Si le concert de ce soir a commencé avec un léger retard, c’est parce que Versailles inaugurait la Cour des Cerfs restaurée par sa société d’amis. Cela permettra au grand public d'accéder à ces Petits Appartements qui font rêver à des lieux que l’on dit « secrets » et jusqu’à présent plus inaccessibles que la Galerie des Glaces où s’est tenu le concert en raison de leur fragilité.

Versailles concert cour des cerfs 124A l’occasion de la saison d’automne du Centre de musique baroque de Versailles (Cmbv), Les Folies Françoises sous la direction du violoniste Patrick Cohën-Akenine, nous ont offert de redécouvrir la somptuosité du son de l’orchestre à la française. Les fameux 24 violons du Roy ont été reconstitués grâce aux rêves un peu fou du violoniste, de deux luthiers passionnés : Antoine Laulhère et Giovanna Ghittó, du Cmbv. Le travail venant de s’achever avec les 6 dessus de violon.

Dans un programme consacré à la musique de la Chambre du Roi de la fin du règne de Louis XIV, nous avons pu entendre des extraits instrumentaux, d’Acis et Galatée de Lully, d’Alcyone de Marin Marais et des Symphonies pour les Soupers du Roy de Lalande.

Les Folies Françoises possèdent désormais un timbre vraiment particulier, une opulence sonore soyeuse et éblouissante. Tous les pupitres sont vraiment une source d’émerveillement. Patrick Cohën-Akenine au violon dirige avec discrétion, élégance et souplesse, cet orchestre où le dialogue et la respiration sont essentiels. Les couleurs sont fastueuses, les nuances infinitésimales. Les cordes évoquent avec réalisme la tempête qui fait rage, puis s’apaise. Leur palette de climats et d’affects variés, enrichis par la guitare et le théorbe est une source de surprises constantes. Les flûtes semblent murmurer, le basson de Christophe Lewandowski nous bouleverse par ses teintes mélancoliques. Tambourins et castagnettes invitent à la fête, les tambours à la gloire et le clavecin par sa fluidité à vivre dans les jardins l’éphémère bonheur de la jeunesse.
Le violon soliste de Patrick Cohën-Akenine que ce soit dans la Symphonie du Sommeil de Marin Marais ou dans la 7è suite de Lalande esquisse la spirale des songes.

Jamais la Galerie des Glaces n’avait paru aussi rayonnante que ce soir. Les feux du soleil à son zénith sont venus illuminer les fastes musicaux d’un temps où la chaconne emportait jusqu’à l’ivresse une éternelle jeunesse qui en oubliait que la vie n’est qu’un songe.

Monique Parmentier

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Festa Criolla, la ferveur musicale

25 Septembre 2011 , Rédigé par Parmentier Monique Publié dans #Chroniques Concerts

garrido.jpgEnsemble Elyma - Gabriel Garrido

Théâtre Claude Levy Strauss - Musée du Quai Branly

Concert donné le 25 septembre 2011

 

C’est dans le cadre du festival Caminos, Musiques baroques d’Amérique Latine, qui se tient au Musée du quai Branly en cette fin septembre, que nous avons pu entendre Gabriel Garrido en concert, avec son ensemble Elyma, lors d’un de ses trop rares passages dans la capitale parisienne.
Un mot d’abord de ce festival qui est le fruit de 25 ans d’une remarquable collaboration avec l’Amérique Latine, voulu par Alain Pacquier, directeur général du Couvent à Sarrebourg. Intitulé les Chemins du baroque, cette expérience avait pour but de permettre à tout un pan du répertoire baroque universel né de l’évangélisation en Amérique Latine, de retrouver sa place au sein du monde musical moderne tout en permettant de former des musiciens des différents pays traversés à leur propre répertoire. Ce festival vient donc conclure 25 années de travail et de rencontre, car désormais les musiciens sud-américains sont devenus totalement autonomes et viennent à Paris nous le démontrer.

Festa Criolla est un programme conçu par le chef argentin Gabriel Garrido afin de faire revivre la ferveur si intense et si particulière d’une fête donnée en l’honneur de Notre Dame de Guadalupe dans la ville de Plata, en Bolivie, telle qu’elle pouvait être vécue à la fin du XVIIIe siècle.
La musique que ce programme nous permet d’entendre est un mélange multicolore et luxuriant. Elle est magnifique, poignante, drôle, défie toutes les barrières sociales, ethniques et morales. Le sacré et le profane y communient avec feu. Autour de Gabriel Garrido chanteurs et musiciens font preuve d’une virtuosité bouleversante et joyeuse, faussement désordonnée. Tout est bonheur ici et les larmes n’en sont que plus chaudes. Si l’on sait que c’est dans une rencontre de fer et de sang que fut vécue la découverte de l’Amérique, la résistance des cultures vibre ici au son d’une sensualité libre et ardente.
L’homogénéité de la distribution sert au mieux cette fête amérindienne.


Alicia Berri possède un timbre naturel au pouvoir ensorcelant. Avec la superbe soprano, au timbre chaud Mercedes Hernandez et la complicité de Gabriel Garrido, l’air de dispute autour de la couleur des cheveux de la vierge ramène toutes les querelles religieuses à ce qu’elle devrait être, un instant de drôlerie fougueux et passager. Les chanteurs avec la complicité permanente des musiciens, se livrent à une mise en espace qui ne rend que plus réelles les scénettes auxquelles nous assistons. Ainsi l’entracte (ou plutôt) le faux entracte, où les musiciens discutent entre eux, semblent se réaccorder, où la violiste entre et sort, déplace un pupitre. Tout paraît bien innocent, mais tout est calculé pour mettre en place une joyeuse pagaille que le ténor Jaime Caicompai vient achever. Ce chanteur au timbre charmeur se révèle un véritable acteur. Mais il ne faut surtout pas oublier le baryton Elier Munoz, la soprano Barbara Kusa et le contre-ténor Maximiliano Baños et les madrigalistes qui tous nous subjuguent et nous réjouissent par leur bonheur à chanter, danser et partager avec nous cette musique de la vie.
Mais ne nous y trompons pas cette musique profane n’est en rien une musique facile. Et lorsque quittant la place du village, ils entrent dans l’église pour chanter le Salve Regina à 8 voix, les chanteurs vivent l’extase du contrepoint avec une exaltation qui nous transperce. Ils nous révélent que ces compositeurs souvent anonymes possédaient autant de don dans l’expression de la joie comme dans celle de l’affliction que les compositeurs européens.
L’ensemble Elyma a merveilleusement accompagné les chanteurs, partageant avec eux une vraie complicité.


La fièvre des guitares, le cristallin fluide de la harpe se heurtent, s’enlacent, s’unissent avec passion. Le hautbois, le traverso, les bassons, les cornets, les violons, le clavecin, l’orgue et les percussions apportent des couleurs et des climats entre mysticisme et paganisme. L’ivresse n’empêche pas la rigueur. La direction de Gabriel Garrido faite d’enthousiasme et de précision nous transporte vers ces ailleurs.

Par Monique Parmentier 

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